Education

Considération par l’école de l’intelligence naturelle des enfants vs leurs efforts fournis

Certains enfants naissent avec une faculté d’apprentissage impressionnante. Ils comprennent et retiennent facilement les choses, il leur suffit de lire ou d’entendre quelques fois pour mémoriser. A l’école primaire, on peut en général considérer ces enfants très chanceux : les devoirs ne leur prennent que peu de temps et ils réussissent les évaluations avec très peu de préparation alors que d’autres, même après des heures de travail, n’arrivent à ramener que des notes moyennes. La distribution des capacités semble souvent injuste.

Avantage ou inconvénient d’être parmi les « chanceux »?

Ces enfants chanceux, j’en faisais partie et je sais par expérience qu’en grandissant, cette chance peut facilement se transformer en désavantage. Puisqu’on a l’habitude de tout réussir sans travailler, en fait on ne sait pas vraiment apprendre. Et dès que la matière dépasse ce qu’on peut retenir du premier coup (et cela arrive en général chez la plupart des personnes, tôt ou tard…), on est embêté. On ne comprend pas pourquoi ça ne marche plus. Pourquoi, en ne faisant rien d’autre qu’écouter à l’école, cela ne suffit plus pour réussir comme avant. Chaque personne est différente bien sûr, mais cela peut mener à « un gaspillage de talent », comme moi-même j’ai si souvent entendu : « c’est tellement dommage ! C’était une petite fille si intelligente, elle aurait pu faire de grandes choses ! Elle aurait pu réussir. Quel gâchis ! » Ce qui est difficile à comprendre dans cette situation, c’est qu’être intelligent ne suffit pas. Avoir une bonne mémoire peut aider, mais n’est pas une garantie de succès. Il en faut bien plus ! De l’ambition, de la confiance, de la persévérance et les enfants « intelligents » en manquent souvent. On n’a pas l’habitude de l’échec alors que c’est justement ce qui nous apprend à dépasser nos limites, à ne pas baisser les bras, à travailler jusqu’à l’atteinte de l’objectif. A être créatif pour trouver d’autres moyens d’y arriver. Les enfants qui n’ont pas eu la chance de naître avec ces facultés ont la chance de pouvoir les développer. Ils ont la chance d’apprendre à se battre pour réussir. De ne pas se laisser abattre par les échecs. De se relever autant de fois qu’il le faut. D’essayer encore et encore et finalement, pouvoir apprécier chaque petite victoire comme une récompense immense pour l’effort fourni. Pour cela, ils ont besoin d’un sacré caractère de battant et/ou de beaucoup de soutien et d’encouragement pour leur montrer que ça en vaut la peine ! Les parents et les enseignants sont au premier rang dans ce rôle-là et beaucoup de responsabilité se repose sur leurs épaules dans l’avenir des jeunes enfants dont ils ont la charge.

L'effort régulier peut être mieux que la facilité naturelle

Le rôle de l’école

Malheureusement, l’école ne joue pas toujours le jeu dans le sens constructif et ça peut faire des dégâts.

L’histoire que je vais vous raconter est authentique et est réellement arrivée il y a quelques semaines. J’ai simplement changé les noms pour le respect de la vie privée des personnes concernée.

Fanny, petite fille de 10 ans est une enfant vive, créative, pleine d’énergie et passionnée par les activités créatrices et par la nature. Pas vraiment par le français et les maths, matières qui sont mis à la première place dans l’ordre d’importance à l’école. Les devoirs l’embêtent, elle n’aime pas préparer les évaluations puisque ça prend beaucoup de temps, mais elle le fait quand même à peu près et réussit à peu près aussi. Pas toujours avec des notes excellentes, mais pas des mauvaises non plus. La dictée est son plus grand cauchemar. Elle refuse de la travailler chaque jour et pense que répéter une fois le jour avant suffira. Mais avec un barème très strict qui ne permet aucune faute, elle désespère de ne jamais réussir à faire 6. Ses notes sont pas mauvaises, 4,5 ou 5 en général, parfois même 5.5 avec des dictées assez difficiles… mais Fanny est frustrée et pour y remédier, elle accepte enfin de passer des heures pour se préparer. Pour une dictée le vendredi, elle doit travailler tous les jours de la semaine. Elle fait beaucoup de fautes les premiers jours, puis de moins en moins et jeudi, il ne reste en général qu’un ou deux mots difficiles à retenir encore. Le fruit de son travail arrive rapidement : elle fait 6, même plusieurs fois à la suite. Elle est très contente, fière d’elle et reconnaît que le travail régulier paie. Elle est motivée à faire les efforts nécessaires. Ses parents sont très heureux, pour les bonnes notes aussi mais surtout pour cet apprentissage si important que le travail apporte ses fruits. Tout se passe très bien jusqu’au jour où Fanny rentre avec un 3… pire note jamais reçue ! Sa maman ne comprend pas, aucune dictée n’était notée dans le carnet de devoirs. Elle a peut-être oublié de l’écrire et du coup, ne s’est pas préparée ?? Elle interroge sa fille et apprend qu’il s’agissait d’une dictée surprise, préparée en 10 minutes à l’école. La maman est frustrée et désolée pour sa fille de voir sa moyenne baisser d’un coup. Elle trouve injuste de bafouer tous les efforts comme ça. Elle décide de contacter l’enseignante pour lui faire part de son inquiétude. Elle lui explique bien que Fanny ne fait pas partie de ces enfants qui peuvent apprendre un texte en quelques minutes, qu’elle a besoin de beaucoup de travail régulier pour réussir. Elle demande quel était l’intérêt de cet exercice-là. La réponse la laisse perplexe… Apparemment, cela n’arrive que deux ou trois fois pendant l’année (ouf, il n’y aura que deux ou trois mauvaises notes?)… Bon, d’accord, mais pourquoi ? Quel est l’objectif pédagogique ? Ce n’est en tout cas pas d’encourager et rassurer les enfants, n’est-ce pas ? Ben, apparemment si, en quelque sorte. L’enseignante voulait justement montrer cette inégalité aux enfants. Oui, la vie est injuste et alors que certains réussissent facilement et sans travailler, d’autres doivent faire beaucoup d’efforts pour arriver au même résultat. La maman est d’accord, c’est bien de le faire comprendre aux enfants. Mais alors, pourquoi mettre une note ? Il aurait suffit de faire l’exercice et compter les fautes pour que les « moins chanceux » se disent « ok, moi j’ai besoin de travailler pour y arriver » mais sans le poids de la mauvaise note. L’argumentation de l’enseignante se poursuit dans ce sens et prend, tout à coup, une tournure révoltante.

« Finalement, est-ce que les enfants qui doivent travailler pour réussir méritent vraiment un 6 ? » N’est-ce pas plutôt le privilège de ceux qui naissent intelligents ? Est-ce une réflexion acceptable de la part de l’école ? La maman est fâchée cette fois.

Cette histoire est arrivée combien de fois ? Combien d’enfants qu’on confie aux enseignants pour apprendre mais aussi pour développer leur confiance, leur persévérance et leur sens du travail se retrouvent finalement rabaissés et découragés ?

Cette note de dictée n’est qu’un petit élément dans un ensemble et Fanny ne sera pas traumatisée par l’histoire. Ses parents assurent un suivi derrière. Mais comment peut-on savoir quels effets auront nos actions sur le long terme ? Chaque enfant est différent : certains s’en fichent, d’autres sont un peu embêtés alors qu’encore d’autres peuvent en souffrir pendant longtemps.

Pour un développement des enfants dans les meilleures conditions…

C’est un avis personnel et bien sûr discutable, mais je pense que les enfants ont besoin d’être guidés, éveillés sur le monde. On doit leur apprendre à apprendre, leur donner envie de découvrir, leur apprendre que le travail et la persévérance apportent la satisfaction de la réussite, que les échecs sont là pour les surpasser et que si c’est difficile, c’est qu’il faut travailler plus ou différemment. Que chacun a des talents et que chacun, à son niveau et dans son domaine, peut réussir s’il le veut vraiment. Je sais bien que la vie n’est pas toujours rose, que c’est souvent même dur et injuste et oui, les jeunes doivent l’apprendre aussi. Mais à seulement 10 ans, ce n’est pas encore le moment de les mettre en compétition ou en échec pour les écraser. A 10 ans, ils doivent découvrir, apprendre, se construire dans une ambiance positive et bienveillante. Enfin, c’est ce que je pense. Et je remercie tous les enseignants, éducateurs et parents qui donnent cette chance à nos petits de devenir des adultes équilibrés et confiants.

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