Ecrire pour tourner la page du passé
Bonheur

Ecrire pour tourner la page du passé

Parfois, on vit des moments difficiles et parfois, ces moments accompagnent le reste de notre vie, sans pouvoir nous en débarrasser. Chacun à son échelle, on garde certaines choses en tête… des choses qui nous rendent tristes, des choses qu’on trouve injustes. Des traumatismes impossibles à oublier qui reviennent régulièrement hanter nos pensées ou nos rêves… jour et nuit.

Comme vous tous, j’ai aussi eu ma dose de traumatisme. Tout a commencé avec une magnifique histoire d’amour et a fini avec un cauchemar qui pesait très longtemps sur moi.

Mon histoire

J’étais jeune, très jeune. A 11 ans, j’ai rencontré un garçon qui allait dans la même église baptiste que moi. Loin de la précocité des enfants d’aujourd’hui, notre histoire se développait avec une lenteur d’escargot. J’avais 12 ans quand il a mis ses bras autour de mes épaules pour la première fois et 13 lors de notre premier baiser.

Avec l’innocence de la jeunesse, j’étais convaincue que cet amour durera pour toujours et qu’on allait passer notre vie ensemble. Ne rigolez pas comme notre entourage le faisait à l’époque, sous-estimant le pouvoir d’un amour d’adolescence… moi, je le pensais très sérieusement. Le problème, c’est que dans notre église (comme dans la plupart des églises que je connais), ce genre de relation n’était pas tolérée, encore moins à cet âge-là. Nos parents nous ont interdit de nous voir, avant même qu’on pense à quoi que ce soit d’autre que discuter.

Folle amoureuse et sans trouver d’autre solution, je me suis mise à sécher l’école pour passer mes matinées dans ses bras. Et là, seuls dans un appartement, de baisers à caresses, nous avons fait nos premières découvertes de l’amour physique. Tout était parfait. Jusqu’à ce que notre secret ait éclaté au grand jour.

A partir de ce moment-là, ma vie s’est transformée en enfer. Mes parents, croyant suivre l’enseignement de Dieu, m’ont maltraitée aussi bien physiquement que psychologiquement. A l’église, on me méprisait et très peu de mes anciens amis continuaient à m’adresser la parole. Je me suis retrouvée exclue de la seule société que je connaissais, pourtant toujours obligée de l’affronter dimanche après dimanche.

Les diacres ont joué leur rôle de tribunal et ont condamné mon amoureux à l’exclusion de toutes activités, en suspendant toutes ses responsabilités et tâches d’avant. Il n’avait plus aucun droit, à part être présent, jusqu’à ce qu’il confesse ses péchés et demande pardon devant toute la communauté. Moi, j’étais trop jeune et pas encore membre officielle, mais je n’avais plus droit à participer à quoi que ce soit non plus. Officiellement, on n’avait plus le droit de se parler, ni même de se regarder. Je me sentais humiliée. Je voulais me rebeller. Me rebeller contre tout ça : les gens qui me disaient ce qui était bien ou pas, les gens qui m’interdisaient de voir celui que j’aimais, les gens qui me traitaient de pute à 13 ans. Mais mon amoureux avait d’autres objectifs. Il voulait retrouver sa place d’avant. Il voulait le pardon et il était prêt à payer le prix : moi. Il voulait prouver qu’il n’avait plus aucun sentiment pour moi.

C’était mon premier chagrin d’amour que je n’ai jamais pu oublier par la suite. Tous disaient que c’était ma faute. Que j’étais mauvaise. Que je vivais dans le péché et que j’allais droit en enfer. Que je devais me repentir. Entre cette pression, les coups reçus à la maison et la détresse d’avoir perdu celui que j’aimais plus que tout au monde, j’ai sombré dans la dépression.

Avec les années, tout a fini par s’arranger mais je n’ai jamais pu tourner la page du traitement reçu, ni de l’amour perdu. Il s’est mariée et je n’ai jamais pu savoir s’il m’avait aimée un jour ou si je n’avais été qu’un jeu… Ne pas savoir me torturait, je n’arrêtais pas de me demander ce qui aurait pu se passer… J’avais un point d’interrogation éternel au fond de moi et il ne m’a pas quittée, même après que moi-même j’aie épousé un jeune homme fantastique.

Cet homme-là m’a libérée des jugements que je portais toujours en moi. Il m’a fait voir la vie autrement, il m’a donné la liberté tant rêvée. Il m’a enfin fait comprendre que je n’ai jamais été ni pute ni anormale et que ce passé n’était pas ma faute mais celle de mon entourage qui ne savait pas gérer les choses autrement.

Tout s’est remué de nouveau quand le passé m’a rattrapée, quelques années plus tard. J’ai revu mon premier amour et il m’a confessé ne jamais m’avoir oubliée. Je me suis retrouvée à un carrefour : j’ai dû prendre une décision. Tenter la vie que j’avais tant rêvée avec mon premier amour ou continuer avec celui qui étais désormais mon mari ?

Avec mon livre

Pourquoi écrire un livre ?

Entre les souvenirs de l’adolescence et cette retrouvaille, j’avais beaucoup de mal à gérer mes émotions. J’avais vraiment besoin de vider mon coeur. J’avais besoin de sortir toute cette histoire de moi. J’avais besoin de pardonner aux gens qui m’avaient fait du mal.

Je me suis lancée dans l’écriture d’un livre sans savoir exactement ce que ça allait m’apporter. Les pages se remplissaient presque automatiquement, tellement j’avais tout ça sur le coeur. Je n’avais jamais raconté l’histoire dans son intégralité à personne auparavant. J’avais encore des secrets bien gardés que j’étais décidée à révéler.

Ecriture thérapeutique… mais pourquoi si difficile ?

Certains chapitres ont été très difficiles à écrire. J’ai dû revivre les événements en moi. Les exprimer avec des mots m’a obligée à me retrouver dans la peau de cette jeune fille que j’avais été. Je n’ai pas pu retenir mes larmes. Je n’ai pas pu m’empêcher de détester mes parents à nouveau. Je suis passée par des moments de crise où j’ai dû serrer très fort quelque chose pour ne pas hurler. Parfois, j’avais envie de jeter l’ordinateur et de m’enfuir très loin de tout ça… tout oublier. Sauf que si je n’avais pas réussi avant, ce n’était pas là que j’allais y arriver. Alors j’ai tenu bon. J’ai décidé d’aller au bout, quoi qu’il arrive. Traverser l’enfer une fois de plus pour pouvoir m’en libérer une fois pour toute.

Pendant les quelques mois de l’écriture, c’était comme si je vivais dans un autre monde. Dans le passé. J’ai retrouvé toutes mes émotions d’avant : la douleur, l’humiliation, la révolte, les larmes… Ils ont jailli de moi, sans pouvoir les contrôler. A chaque fois que je fermais l’écran pour aller retrouver ma famille, c’était un choc. J’avais beaucoup de mal à revenir dans le présent. J’ai passé des heures, des jours, des mois, enfermée dans ma chambre pour aller au bout de ce voyage.

Ça m’a bouleversée. Mais quand j’ai fini la dernière page, je me sentais soulagée. Il ne restait plus que l’épreuve des lecteurs que je redoutais plus que tout. C’était comme si je m’étais mise toute nue devant tout le monde. Comme si des gens connus et inconnus recevaient le droit d’entrer dans mon intimité. J’étais terrorisée à cette idée. Et pourtant, j’ai suivi ma décision et je me suis forcée à ne pas me cacher mais affronter leur regard.

Mon livre est un témoignage romancé, ce n’est pas forcément le style de tout le monde. Mais j’étais surprise de recevoir des retours très touchants et positifs.

Ce que l’écriture de ce livre m’a apporté

Je trouve ça étonnant de constater à quel point l’écriture de ce livre m’a aidée. Je ne m’attendais pas à autant. Sans exagérer, je peux affirmer que ce livre m’a permis de tourner la page. Le passé ne me hante plus. Tout ce que je pensais très grave avant me semble finalement pas si énorme à présent. Les émotions qui étaient si fortes avant, se sont adoucis… je ne comprends même plus comment j’ai pu souffrir à ce point. Je n’ai pas oublié, mais j’ai un peu l’impression d’observer tout ça de l’extérieur maintenant. Comme s’il ne s’agissait pas vraiment de ma propre vie, mais « juste » d’un livre. Une histoire que j’ai lue. Ça m’a permis de prendre de la distance et de lâcher prise.

J’ai pardonné à mes parents et à tous ceux qui étaient concernés à l’époque. J’ai pardonné à mon premier amour de m’avoir abandonnée et de, en le faisant, m’avoir laissée m’envoler et trouver le vrai bonheur. Je ne regrette rien de ce qui s’est passé à l’époque. Même les moments horriblement douloureux font partie de moi et ont contribué à la personne que je suis devenue. Aujourd’hui, je suis sereine et je peux enfin vivre dans le présent et envisager un avenir sans le poids du passé.

Et si vous vous libériez aussi de votre passé ?

Depuis, j’encourage les gens qui ont traversé des événements douloureux et qui portent encore ce poids dans le coeur de le sortir. Revivre tout ça peut faire très peur, mais c’est incroyablement libérateur au final. Chacun à sa façon, on devrait tous se libérer pour être léger et regarder de l’avant. Avec un livre comme moi ou des poèmes, des chansons, de la peinture, de la sculpture ou d’autres manières… trouvez celle qui vous correspond pour vous exprimer et osez traverser l’enfer pour enfin vous en débarrasser !

Informations sur mon livre

Sur ce blog, vous trouverez des extraits de mon livre On m’a interdit de t’aimer, ainsi que des avis de lecteurs. Si tout cela vous a donné envie de découvrir plus, vous pouvez également le commander.

Un livre pour tourner la page

Et vous… comment faites-vous pour tourner la page du passé ?

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